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Gestion du passage de la consultation physique à la téléconsultation

INTRODUCTION

À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville.

Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Docteur Sevan Minassian, psychiatre à la Maison des Adolescents de Cochin.

Retour d'expérience


Présentation du cas clinique

DR MALLET : Je suis médecin généraliste à Saint-Valery-en-Caux en Normandie et j’écoute Radio Cochin. Dans ma pratique quotidienne, je fais de plus en plus de téléconsultations. J’ai entendu le ministre parler hier et j’ai compris que ça allait durer.

Pour être tout à fait franc, je suis gêné de ne plus avoir le patient en face de moi. Ces heures au téléphone me posent un problème. Par ailleurs, j’ai l’impression que ces patients ont peur de venir me voir et de se faire examiner, qu’ils ont peur d’attraper le COVID et cela me gêne.

Avez-vous déjà parlé à des collègues de ce genre de malaises et de situations ? Que me conseillez-vous pour les mois qui viennent ?

Réponse et discussion

DR SEVAN MINASSIAN : La plupart des professionnels et des médecins de ville sont effectivement en téléconsultations.

Au début cela a été difficile à mettre en place, notamment en ville, car cela nécessite tout un système que nous sommes parfois seuls à devoir organiser. Sans compter qu’il faut que les patients aient le matériel nécessaire. 

Nous avons vite remarqué l’aspect contre-intuitif de la téléconsultation pour un médecin de ville qui a besoin de voir ses patients pour les évaluer, de pratiquer un examen physique.  Cela peut donc être mal vu au premier abord.

Cela dit, en téléconsultations, nous avons principalement des patients que nous connaissons déjà et que nous suivons depuis longtemps. Et finalement, au bout d’un certain temps de mise en route, nombre de médecins ont réalisé que la téléconsultation leur permettait d’éviter non seulement des risques d’exposition pour les patients, mais aussi de pouvoir les évaluer et suivre leur évolution de façon plus flexible. 

C’est notamment le cas pour ceux qui ont des maladies chroniques (une majorité) qui ont peur de venir voir le médecin et qui risquent de se retrouver avec des retards de prise en charge et des décompensations.

La téléconsultation permet donc d’être plus souvent en lien avec le patient sur certains points à surveiller particulièrement. Je pense qu’il en restera quelque chose par la suite car cela vient élargir l’éventail des ressources que nous avons en tant que médecin pour pouvoir être en contact avec le patient.

Il est donc important de se rendre compte que nous sommes finalement en train d’armer nos façons de prises en charge grâce à ces consultations, même si c’est très difficile de s’y adapter au début et de comprendre comment faire sans avoir le patient face à soi.

DR MALLET : Nous entrons donc de plein pied dans la télémédecine et selon vous, cela va durer.

DR SEVAN MINASSIAN : Exactement. La télémédecine mais encore plus largement la diffusion d’informations médicales et scientifiques via internet et les réseaux sociaux. En ce moment très particulier où les médecins généralistes peuvent être très seuls, nos collègues proposent des points d’avancées scientifiques très importants. Notamment les points d’actu Twitter du Professeur Adnet ou ceux de la collègue généraliste Jessica Guibert sur le site pratiques.fr. Ce sont des points que je regarde moi-même en tant que psychiatre.

DR MALLET : Pratiques.fr et votre collègue Jessica Guibert ?

DR SEVAN MINASSIAN : Oui le Professeur Adnet écrit quotidiennement sur Twitter des points sur les avancées de la recherche. Jessica Guibert sur pratiques.fr fait des points réguliers sur le COVID et tout ce qui tourne autour. Je les cite spécifiquement mais il y en a d’autres encore. 

Il y a donc un dialogue non négligeable avec les collègues. Par ailleurs, nous avons mis en place des groupes Balint pour les externes et étudiants en médecine qui ont été mobilisés en tant qu’aides-soignants.

DR MALLET : Énormément d’externes ont été mobilisés.

DR SEVAN MINASSIAN : Exactement ! Nous faisons avec eux des groupes Balint sur Zoom. Plusieurs jours dans la semaine, le Professeur Moreau, les psychiatres et les psychologues du service organisent cela avec ceux  qui le souhaitent.

Je pense que c’est important à reprendre. Les groupes Balint sont des acquis qui nous viennent des médecins généralistes et de ville et il est important de les mettre en place pour pouvoir dialoguer entre soignants. 

Ce ne sont que des exemples parmi les réseaux de solidarité de villes, de pharmaciens et les groupes d’entraide qui se mettent en place actuellement dont Radio Cochin fait partie.Tous ces aspects sont aussi possibles grâce à internet, au fait de pouvoir mettre en place des choses même à distance.

DR MALLET : Il y a donc des bons côtés ?

DR SEVAN MINASSIAN : Oui. Dans certains cas, cela aide aussi à mieux suivre les patients.

 DR MALLET : COVIDOM en est notamment un très bon exemple pour Paris. Il est vrai que nous sommes obligés de rester informés car les patients eux-mêmes suivent énormément l’information, en écoutant par exemple Radio Cochin.

DR SEVAN MINASSIAN : En effet, et il est important qu’ils puissent suivre l’information. Aussi, le fait de pouvoir se concentrer sur certaines sources d’information stables et sourcées permet de pouvoir rester en surplomb plutôt que de se retrouver noyé dans des flots d’information qui peuvent être contradictoires.

DR MALLET : Et qui sont dangereux.

DR SEVAN MINASSIAN : Exactement. Nous nous en sommes rendu compte. J’ai des collègues généralistes qui étaient en grande difficulté au début de l’épidémie sur la question de la chloroquine ou de la nicotine à cause de cela.

Il est très difficile de se retrouver devant ce flot d’informations et de ne pas savoir quoi faire pour bien faire. Le fait de pouvoir discuter ensemble, de se concerter et d’aller vers les sources d’informations plus claires et plus sourcées est donc très important.

Message de fin

DR MALLET : C’est très clair. Quel est votre grand message pour ce cas clinique ?

DR SEVAN MINASSIAN : Il ne faut pas craindre les nouveaux outils qui se mettent en place dans ce contexte particulier.  Il en restera quelque chose par la suite.

Même si nous ne pouvons pas voir les patients et que cela peut engendrer des retards de prise en charge, il faut pouvoir s’adapter en faisant les téléconsultations pour continuer à les voir et les suivre. Cela crée des nouvelles capacités d’interventions auprès du patient.

DR MALLET : Ok. Le mot de la fin ?

DR SEVAN MINASSIAN : Les médecins de ville sont très sollicités et vont continuer à l’être pendant le déconfinement. Or, un bon médecin est un médecin qui prend soin de lui. C’est un facteur déterminant pour préserver la santé des patients qu’il prend en charge. Nous nous sommes rendu compte grâce à la cellule AVEC et la bulle.

Il faut donc que les médecins prennent soin d’eux et se préservent, d’autant que les patients sont en train de revenir (nous le voyons en psy également). Ils ont désormais moins peur de revenir voir des soignants de ville et nous assistons à des retards de prise en charge. Donc ne pas hésiter à se préserver et penser à soi.

DR MALLET : Prendre soin de soi sera le mot de la fin. Merci beaucoup et bon courage !

DR SEVAN MINASSIAN : Bon courage à vous !

Retranscription complète
Il n'y a pas encore de retranscription écrite pour cet épisode

À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville.

Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Docteur Sevan Minassian, psychiatre à la Maison des Adolescents de Cochin.

DR MALLET : Je suis médecin généraliste à Saint-Valery-en-Caux en Normandie et j’écoute Radio Cochin. Dans ma pratique quotidienne, je fais de plus en plus de téléconsultations. J’ai entendu le ministre parler hier et j’ai compris que ça allait durer.

Pour être tout à fait franc, je suis gêné de ne plus avoir le patient en face de moi. Ces heures au téléphone me posent un problème. Par ailleurs, j’ai l’impression que ces patients ont peur de venir me voir et de se faire examiner, qu’ils ont peur d’attraper le COVID et cela me gêne.

Avez-vous déjà parlé à des collègues de ce genre de malaises et de situations ? Que me conseillez-vous pour les mois qui viennent ?

DR SEVAN MINASSIAN : La plupart des professionnels et des médecins de ville sont effectivement en téléconsultations.

Au début cela a été difficile à mettre en place, notamment en ville, car cela nécessite tout un système que nous sommes parfois seuls à devoir organiser. Sans compter qu’il faut que les patients aient le matériel nécessaire. 

Nous avons vite remarqué l’aspect contre-intuitif de la téléconsultation pour un médecin de ville qui a besoin de voir ses patients pour les évaluer, de pratiquer un examen physique.  Cela peut donc être mal vu au premier abord.

Cela dit, en téléconsultations, nous avons principalement des patients que nous connaissons déjà et que nous suivons depuis longtemps. Et finalement, au bout d’un certain temps de mise en route, nombre de médecins ont réalisé que la téléconsultation leur permettait d’éviter non seulement des risques d’exposition pour les patients, mais aussi de pouvoir les évaluer et suivre leur évolution de façon plus flexible. 

C’est notamment le cas pour ceux qui ont des maladies chroniques (une majorité) qui ont peur de venir voir le médecin et qui risquent de se retrouver avec des retards de prise en charge et des décompensations.

La téléconsultation permet donc d’être plus souvent en lien avec le patient sur certains points à surveiller particulièrement. Je pense qu’il en restera quelque chose par la suite car cela vient élargir l’éventail des ressources que nous avons en tant que médecin pour pouvoir être en contact avec le patient.

Il est donc important de se rendre compte que nous sommes finalement en train d’armer nos façons de prises en charge grâce à ces consultations, même si c’est très difficile de s’y adapter au début et de comprendre comment faire sans avoir le patient face à soi.

DR MALLET : Nous entrons donc de plein pied dans la télémédecine et selon vous, cela va durer.

DR SEVAN MINASSIAN : Exactement. La télémédecine mais encore plus largement la diffusion d’informations médicales et scientifiques via internet et les réseaux sociaux. En ce moment très particulier où les médecins généralistes peuvent être très seuls, nos collègues proposent des points d’avancées scientifiques très importants. Notamment les points d’actu Twitter du Professeur Adnet ou ceux de la collègue généraliste Jessica Guibert sur le site pratiques.fr. Ce sont des points que je regarde moi-même en tant que psychiatre.

DR MALLET : Pratiques.fr et votre collègue Jessica Guibert ?

DR SEVAN MINASSIAN : Oui le Professeur Adnet écrit quotidiennement sur Twitter des points sur les avancées de la recherche. Jessica Guibert sur pratiques.fr fait des points réguliers sur le COVID et tout ce qui tourne autour. Je les cite spécifiquement mais il y en a d’autres encore. 

Il y a donc un dialogue non négligeable avec les collègues. Par ailleurs, nous avons mis en place des groupes Balint pour les externes et étudiants en médecine qui ont été mobilisés en tant qu’aides-soignants.

DR MALLET : Énormément d’externes ont été mobilisés.

DR SEVAN MINASSIAN : Exactement ! Nous faisons avec eux des groupes Balint sur Zoom. Plusieurs jours dans la semaine, le Professeur Moreau, les psychiatres et les psychologues du service organisent cela avec ceux  qui le souhaitent.

Je pense que c’est important à reprendre. Les groupes Balint sont des acquis qui nous viennent des médecins généralistes et de ville et il est important de les mettre en place pour pouvoir dialoguer entre soignants. 

Ce ne sont que des exemples parmi les réseaux de solidarité de villes, de pharmaciens et les groupes d’entraide qui se mettent en place actuellement dont Radio Cochin fait partie.Tous ces aspects sont aussi possibles grâce à internet, au fait de pouvoir mettre en place des choses même à distance.

DR MALLET : Il y a donc des bons côtés ?

DR SEVAN MINASSIAN : Oui. Dans certains cas, cela aide aussi à mieux suivre les patients.

 DR MALLET : COVIDOM en est notamment un très bon exemple pour Paris. Il est vrai que nous sommes obligés de rester informés car les patients eux-mêmes suivent énormément l’information, en écoutant par exemple Radio Cochin.

DR SEVAN MINASSIAN : En effet, et il est important qu’ils puissent suivre l’information. Aussi, le fait de pouvoir se concentrer sur certaines sources d’information stables et sourcées permet de pouvoir rester en surplomb plutôt que de se retrouver noyé dans des flots d’information qui peuvent être contradictoires.

DR MALLET : Et qui sont dangereux.

DR SEVAN MINASSIAN : Exactement. Nous nous en sommes rendu compte. J’ai des collègues généralistes qui étaient en grande difficulté au début de l’épidémie sur la question de la chloroquine ou de la nicotine à cause de cela.

Il est très difficile de se retrouver devant ce flot d’informations et de ne pas savoir quoi faire pour bien faire. Le fait de pouvoir discuter ensemble, de se concerter et d’aller vers les sources d’informations plus claires et plus sourcées est donc très important.

DR MALLET : C’est très clair. Quel est votre grand message pour ce cas clinique ?

DR SEVAN MINASSIAN : Il ne faut pas craindre les nouveaux outils qui se mettent en place dans ce contexte particulier.  Il en restera quelque chose par la suite.

Même si nous ne pouvons pas voir les patients et que cela peut engendrer des retards de prise en charge, il faut pouvoir s’adapter en faisant les téléconsultations pour continuer à les voir et les suivre. Cela crée des nouvelles capacités d’interventions auprès du patient.

DR MALLET : Ok. Le mot de la fin ?

DR SEVAN MINASSIAN : Les médecins de ville sont très sollicités et vont continuer à l’être pendant le déconfinement. Or, un bon médecin est un médecin qui prend soin de lui. C’est un facteur déterminant pour préserver la santé des patients qu’il prend en charge. Nous nous sommes rendu compte grâce à la cellule AVEC et la bulle.

Il faut donc que les médecins prennent soin d’eux et se préservent, d’autant que les patients sont en train de revenir (nous le voyons en psy également). Ils ont désormais moins peur de revenir voir des soignants de ville et nous assistons à des retards de prise en charge. Donc ne pas hésiter à se préserver et penser à soi.

DR MALLET : Prendre soin de soi sera le mot de la fin. Merci beaucoup et bon courage !

DR SEVAN MINASSIAN : Bon courage à vous !

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