À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville.
Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Professeur Philippe Anract, Chef du Service Orthopédie de Cochin.
DR MALLET : Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne votre service et en quoi cette situation de crise a modifié votre activité ?
PR PHILIPPE ANRACT : Cette situation de crise impose un redéploiement massif des personnels paramédicaux, médicaux et des respirateurs. Cela implique la diminution drastique de l’activité chirurgicale de tous les services de chirurgie.
Désormais, nous ne prenons en charge que les urgences et la chirurgie tumorale. Pour celle-ci, nous avons une prise en charge en fonction de la gravité de la situation et de l’évolutivité de la tumeur.
Actuellement, sur 5 salles d’opération, nous n’avons plus qu’une salle d’intervention qui fonctionne. Notre activité traumatologique est maintenue – même si elle est largement diminuée du fait du confinement – et nous traitons aussi les tumeurs osseuses et les sarcomes des parties molles de l’appareil locomoteur.
Cela a notamment permis de redéployer nos moyens d’anesthésie qui sont utilisés pour la réanimation. Nos infirmières, aides-soignants, nos internes et nos chirurgiens participent à d’autres tâches que la chirurgie, par exemple à la régulation pour les transferts de patients réanimatoires et non réanimatoires.
Nous aidons pour la prise en charge des patients en réanimation.
DR MALLET : D’accord.
Aujourd’hui, les respirateurs de vos blocs opératoires sont donc utilisés pour ventiler les patients COVID ? Les salles de réveil ont donc été transformées en unités de réanimation ?
PR PHILIPPE ANRACT : Tout à fait. Notre salle de réveil est désormais une unité de réanimation et nous avons un bloc qui fait office de salle de réveil pour prendre en charge les patients après leur intervention.
Cela a permis d’avoir des lits de réanimation supplémentaires dans notre SSPI – 10 au total – dans la SSPI de l’unité de chirurgie ambulatoire et dans la plupart des SSPI de l’hôpital.
Nous avons ainsi pu largement augmenter le nombre de lits de réanimation disponibles.
DR MALLET : Il y a donc eu une modification profonde de l’activité du service de chirurgie car vous êtes en première ligne pour accueillir les patients les plus graves.
PR PHILIPPE ANRACT : Voilà. Par ailleurs, en qui concerne l’accueil des patients, nous avons une unité d’hospitalisation qui prend en charge les patients non atteints de COVID mais également une unité de 10 lits dédiée à des patients COVID positifs qui ont une pathologie orthopédique, viscérale ou thoracique.
DR MALLET : Chirurgie COVID donc.
PR PHILIPPE ANRACT : Exactement.
DR MALLET : Je suis médecin généraliste au Vésinet et j’écoute Radio Cochin.
Je suis au chevet d’une patiente qui a de la fièvre depuis deux jours et qui est tombée à domicile. Cette personne a une impotence fonctionnelle totale avec un membre inférieur droit raccourci en rotation externe.
Cela me fait suspecter une fracture du col du fémur.
Elle a potentiellement une infection au COVID-19.
Que dois-je faire ?
PR PHILIPPE ANRACT : Il s’agit d’une urgence. Il faut adresser la patiente à l’hôpital de secteur en précisant bien qu’il y a une forte suspicion de COVID. L’hôpital local va prendre en charge cette patiente.
Je ne connais pas l’organisation de tous les hôpitaux de secteur mais la plupart ont fait en sorte de dédier une unité à ces patients COVID.
Par exemple à Cochin, ce type de patients passent par les urgences où nous leur faisons systématiquement une PCR. Si c’est possible, nous attendons leurs résultats aux urgences, sinon dans un sas d’attente de quatre lits au fond d’une unité d’hospitalisation.
Nous prenons bien sûr toutes les précautions habituelles pour les patients COVID.
Une fois le résultat de la PCR, soit ils sont confirmés COVID positifs et ils vont dans l’unité du 3e, soit ils sont COVID négatifs et sont transférés dans un lit de l’unité COVID négative.
Ensuite, pour la prise en charge de ces patients, nous évaluons la gravité de l’infection au COVID. La plupart de ces patients ont actuellement des formes mineures, même chez les patients âgés. Dans ce cas, nous les prenons en charge et nous les opérons.
Nous avons un bloc dédié à ces patients COVID positifs pour les interventions. Nous avons organisé un circuit spécifique : ils passent directement en salle d’opération sans aller en salle de pré-anesthésie.
Les anesthésistes respectent par ailleurs des procédures particulières car il y a un risque majeur de contamination lors de l’intubation des patients. Ils respectent notamment toutes les précautions d’habillage : le masque, les lunettes, la sur-blouse.
Ces patients sont ensuite réveillés dans la salle d’opération pour ne pas contaminer la salle de réveil, avant de remonter directement dans l’unité du 3e.
Il y a donc une prise en charge adaptée.
DR MALLET : En effet c’est très compliqué.
PR PHILIPPE ANRACT : C’est pourquoi, quand vous adressez un patient à l’hôpital de secteur, il est nécessaire de vérifier qu’ils ont la possibilité de le prendre en charge. Si ce n’est pas le cas, il faut les adresser au CHU le plus proche où l’organisation sera adaptée.
Nous avions peur d’être débordés par la traumatologie mais actuellement, tous les orthopédistes d’Île-de-France sont en réseau. Nous avons donc la possibilité de basculer des patients d’un hôpital sur l’autre.
Nous essayons aussi de délester au maximum les patients COVID négatifs petite traumatologie vers nos collègues de clinique, même s’ils ont largement diminué leurs activités.
En effet, ils ont également fourni leurs respirateurs et ont arrêté toute activité non urgente de chirurgie orthopédique. Ils participent encore davantage à cet effort en prenant la petite traumatologie chez les patients COVID négatifs.
DR MALLET : Donc test du patient et sanctuarisation. Pour ce cas, c’est le 15 qui essentiellement va pouvoir m’aider ?
PR PHILIPPE ANRACT : Tout à fait. Appelez le 15 en précisant bien qu’il y a une suspicion de COVID.
DR MALLET : Très bien. Je retiens donc que tous les orthopédistes d’Île-de-France sont en réseau pour faire en sorte que ma patiente soit rapidement prise en charge en fonction du résultat de sa PCR en secteur COVID + ou COVID -.
PR PHILIPPE ANRACT : Tout à fait. Nous en avons d’ailleurs eu un exemple la semaine dernière : nous avons dû dérouter des malades sur le CHU le plus proche.
DR MALLET : Très bien. Merci beaucoup. Nous vous souhaitons bon courage pour cette période difficile !
À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville.
Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Professeur Philippe Anract, Chef du Service Orthopédie de Cochin.
DR MALLET : Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne votre service et en quoi cette situation de crise a modifié votre activité ?
PR PHILIPPE ANRACT : Cette situation de crise impose un redéploiement massif des personnels paramédicaux, médicaux et des respirateurs. Cela implique la diminution drastique de l’activité chirurgicale de tous les services de chirurgie.
Désormais, nous ne prenons en charge que les urgences et la chirurgie tumorale. Pour celle-ci, nous avons une prise en charge en fonction de la gravité de la situation et de l’évolutivité de la tumeur.
Actuellement, sur 5 salles d’opération, nous n’avons plus qu’une salle d’intervention qui fonctionne. Notre activité traumatologique est maintenue – même si elle est largement diminuée du fait du confinement – et nous traitons aussi les tumeurs osseuses et les sarcomes des parties molles de l’appareil locomoteur.
Cela a notamment permis de redéployer nos moyens d’anesthésie qui sont utilisés pour la réanimation. Nos infirmières, aides-soignants, nos internes et nos chirurgiens participent à d’autres tâches que la chirurgie, par exemple à la régulation pour les transferts de patients réanimatoires et non réanimatoires.
Nous aidons pour la prise en charge des patients en réanimation.
DR MALLET : D’accord.
Aujourd’hui, les respirateurs de vos blocs opératoires sont donc utilisés pour ventiler les patients COVID ? Les salles de réveil ont donc été transformées en unités de réanimation ?
PR PHILIPPE ANRACT : Tout à fait. Notre salle de réveil est désormais une unité de réanimation et nous avons un bloc qui fait office de salle de réveil pour prendre en charge les patients après leur intervention.
Cela a permis d’avoir des lits de réanimation supplémentaires dans notre SSPI – 10 au total – dans la SSPI de l’unité de chirurgie ambulatoire et dans la plupart des SSPI de l’hôpital.
Nous avons ainsi pu largement augmenter le nombre de lits de réanimation disponibles.
DR MALLET : Il y a donc eu une modification profonde de l’activité du service de chirurgie car vous êtes en première ligne pour accueillir les patients les plus graves.
PR PHILIPPE ANRACT : Voilà. Par ailleurs, en qui concerne l’accueil des patients, nous avons une unité d’hospitalisation qui prend en charge les patients non atteints de COVID mais également une unité de 10 lits dédiée à des patients COVID positifs qui ont une pathologie orthopédique, viscérale ou thoracique.
DR MALLET : Chirurgie COVID donc.
PR PHILIPPE ANRACT : Exactement.
DR MALLET : Je suis médecin généraliste au Vésinet et j’écoute Radio Cochin.
Je suis au chevet d’une patiente qui a de la fièvre depuis deux jours et qui est tombée à domicile. Cette personne a une impotence fonctionnelle totale avec un membre inférieur droit raccourci en rotation externe.
Cela me fait suspecter une fracture du col du fémur.
Elle a potentiellement une infection au COVID-19.
Que dois-je faire ?
PR PHILIPPE ANRACT : Il s’agit d’une urgence. Il faut adresser la patiente à l’hôpital de secteur en précisant bien qu’il y a une forte suspicion de COVID. L’hôpital local va prendre en charge cette patiente.
Je ne connais pas l’organisation de tous les hôpitaux de secteur mais la plupart ont fait en sorte de dédier une unité à ces patients COVID.
Par exemple à Cochin, ce type de patients passent par les urgences où nous leur faisons systématiquement une PCR. Si c’est possible, nous attendons leurs résultats aux urgences, sinon dans un sas d’attente de quatre lits au fond d’une unité d’hospitalisation.
Nous prenons bien sûr toutes les précautions habituelles pour les patients COVID.
Une fois le résultat de la PCR, soit ils sont confirmés COVID positifs et ils vont dans l’unité du 3e, soit ils sont COVID négatifs et sont transférés dans un lit de l’unité COVID négative.
Ensuite, pour la prise en charge de ces patients, nous évaluons la gravité de l’infection au COVID. La plupart de ces patients ont actuellement des formes mineures, même chez les patients âgés. Dans ce cas, nous les prenons en charge et nous les opérons.
Nous avons un bloc dédié à ces patients COVID positifs pour les interventions. Nous avons organisé un circuit spécifique : ils passent directement en salle d’opération sans aller en salle de pré-anesthésie.
Les anesthésistes respectent par ailleurs des procédures particulières car il y a un risque majeur de contamination lors de l’intubation des patients. Ils respectent notamment toutes les précautions d’habillage : le masque, les lunettes, la sur-blouse.
Ces patients sont ensuite réveillés dans la salle d’opération pour ne pas contaminer la salle de réveil, avant de remonter directement dans l’unité du 3e.
Il y a donc une prise en charge adaptée.
DR MALLET : En effet c’est très compliqué.
PR PHILIPPE ANRACT : C’est pourquoi, quand vous adressez un patient à l’hôpital de secteur, il est nécessaire de vérifier qu’ils ont la possibilité de le prendre en charge. Si ce n’est pas le cas, il faut les adresser au CHU le plus proche où l’organisation sera adaptée.
Nous avions peur d’être débordés par la traumatologie mais actuellement, tous les orthopédistes d’Île-de-France sont en réseau. Nous avons donc la possibilité de basculer des patients d’un hôpital sur l’autre.
Nous essayons aussi de délester au maximum les patients COVID négatifs petite traumatologie vers nos collègues de clinique, même s’ils ont largement diminué leurs activités.
En effet, ils ont également fourni leurs respirateurs et ont arrêté toute activité non urgente de chirurgie orthopédique. Ils participent encore davantage à cet effort en prenant la petite traumatologie chez les patients COVID négatifs.
DR MALLET : Donc test du patient et sanctuarisation. Pour ce cas, c’est le 15 qui essentiellement va pouvoir m’aider ?
PR PHILIPPE ANRACT : Tout à fait. Appelez le 15 en précisant bien qu’il y a une suspicion de COVID.
DR MALLET : Très bien. Je retiens donc que tous les orthopédistes d’Île-de-France sont en réseau pour faire en sorte que ma patiente soit rapidement prise en charge en fonction du résultat de sa PCR en secteur COVID + ou COVID -.
PR PHILIPPE ANRACT : Tout à fait. Nous en avons d’ailleurs eu un exemple la semaine dernière : nous avons dû dérouter des malades sur le CHU le plus proche.
DR MALLET : Très bien. Merci beaucoup. Nous vous souhaitons bon courage pour cette période difficile !
Radio Cochin est une série de cas cliniques audio créés pour les soignants de ville, par des experts de toutes spécialités médicales, pour renforcer la collaboration ville-hôpital face au coronavirus.