À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville.
Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Professeur Denis Duboc, Chef du Service de Cardiologie à Cochin.
DR MALLET : Je suis médecin généraliste à Ernée dans la Mayenne et j’écoute Radio Cochin. Je vous félicite pour cette initiative.
Je vois un homme de 50 ans que je suis pour une hypertension artérielle. Il prend du périndopril, il a de la fièvre, des myalgies et des signes respiratoires sans signe de gravité.
Je suspecte une infection au nouveau coronavirus. Je lis la presse et j’ai entendu parler d’une interaction entre les IEC et l’infection à COVID.
Dois-je arrêter ce traitement ? Que me conseillez-vous ?
PR DENIS DUBOC : Je répondrai d’abord de façon globale avant de rentrer dans les détails.
Il ne faut pas l’arrêter. Cette suggestion de recommandation d’arrêt des IEC ou des sartans en cas d’infection par le COVID repose sur une chose. Quand l’on prend ces médicaments, il y a une surexpression du récepteur à l’angiotensine 2 et ce récepteur est l’un des lieux de transit du COVID. Il favorise son entrée à l’intérieur du poumon.
Mais ceci est théorique. Il n’y a pas encore de preuve qu’il y ait véritablement un lien. Sauf de façon très indirecte car les patients hypertendus qui ont cette infection semblent faire des formes plus sévères d’infection à COVID.
Seulement, en pratique, si vous arrêtez les IEC chez un patient qui en prend pour insuffisance cardiaque, cela aura des conséquences dramatiques à court terme. Cela risque finalement d’aggraver sa situation respiratoire.
Dans les autres indications, par exemple dans le cas de la néphroprotection du diabétique ou de l’hypertension artérielle standard, l’arrêt des IEC n’est pas à recommander.
Dans un cas, cela favoriserait la survenue d’une insuffisance rénale en cas d’agression générale de l’organisme par le virus, sans l’effet néphroprotecteur.
Dans l’autre cas, il n’est jamais bon d’arrêter brutalement un traitement antihypertenseur chez un hypertendu.
Pour l’instant – et en l’absence de données fondées sur des résultats cliniques qui iraient contre ce que je viens de vous dire– je déconseille l’arrêt des IEC chez un patient suspect de COVID.
DR MALLET : Les données qui viennent de Chine montrent une association entre l’hypertension, le diabète et des formes graves donc des comorbidités. Mais aujourd’hui rien ne prouve que cela passe par ces médicaments.
Les sociétés savantes et vous-même vous positionnez fermement et clairement : il ne faut pas arrêter ces traitements.
PR DENIS DUBOC : Clairement. Il ne faut pas les arrêter dans l’état actuel.
DR MALLET : C’est très clair. Je ne remplace donc pas les IEC pour les hypertendus par un anticalcique par exemple ?
PR DENIS DUBOC : Non. Surtout chez un patient suspect ou dans une période d’instabilité liée à une infection. Parce que nous savons très bien que ces changements de traitements sont délicats.
Lorsque nous sommes amenés à en faire – de temps en temps bien sûr – nous les faisons par tâtonnements et il y a des périodes où s’installe une instabilité chez le patient.
Or, chez quelqu’un qui a une pathologie sous-jacente en évolution active, ce n’est pas la peine de rajouter un facteur d’instabilité hémodynamique que nous allons probablement moins bien gérer que chez un patient qui n’a pas de processus infectieux en évolution.
DR MALLET : D’accord. C’est très clair. Après ce cas clinique, voulez-vous insister sur un message pour nos collègues de ville ?
PR DENIS DUBOC : Le message est très simple : ce n’est pas parce que l’on a une infection à coronavirus qu’il faut oublier les affections sous-jacentes qui sont des facteurs de comorbidité et oublier de les traiter au prétexte du coronavirus. C’est dans ce sens que je dis qu’il ne faut pas arrêter les IEC ni les anti-angiotensines 2 dans l’état actuel de ces patients.
DR MALLET : Message très clair : nous n’arrêtons pas les traitements antihypertenseurs, notamment les IEC et les anti-angiotensines 2, les ARA 2, car nous risquerions d’aggraver le patient et de précipiter une situation alors que les choses vont bien se passer.
Professeur Duboc merci beaucoup, nous vous souhaitons bon courage.
PR DENIS DUBOC : Merci aussi à vous. Vous qui êtes en première ligne, bon courage aussi !
À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville.
Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Professeur Denis Duboc, Chef du Service de Cardiologie à Cochin.
DR MALLET : Je suis médecin généraliste à Ernée dans la Mayenne et j’écoute Radio Cochin. Je vous félicite pour cette initiative.
Je vois un homme de 50 ans que je suis pour une hypertension artérielle. Il prend du périndopril, il a de la fièvre, des myalgies et des signes respiratoires sans signe de gravité.
Je suspecte une infection au nouveau coronavirus. Je lis la presse et j’ai entendu parler d’une interaction entre les IEC et l’infection à COVID.
Dois-je arrêter ce traitement ? Que me conseillez-vous ?
PR DENIS DUBOC : Je répondrai d’abord de façon globale avant de rentrer dans les détails.
Il ne faut pas l’arrêter. Cette suggestion de recommandation d’arrêt des IEC ou des sartans en cas d’infection par le COVID repose sur une chose. Quand l’on prend ces médicaments, il y a une surexpression du récepteur à l’angiotensine 2 et ce récepteur est l’un des lieux de transit du COVID. Il favorise son entrée à l’intérieur du poumon.
Mais ceci est théorique. Il n’y a pas encore de preuve qu’il y ait véritablement un lien. Sauf de façon très indirecte car les patients hypertendus qui ont cette infection semblent faire des formes plus sévères d’infection à COVID.
Seulement, en pratique, si vous arrêtez les IEC chez un patient qui en prend pour insuffisance cardiaque, cela aura des conséquences dramatiques à court terme. Cela risque finalement d’aggraver sa situation respiratoire.
Dans les autres indications, par exemple dans le cas de la néphroprotection du diabétique ou de l’hypertension artérielle standard, l’arrêt des IEC n’est pas à recommander.
Dans un cas, cela favoriserait la survenue d’une insuffisance rénale en cas d’agression générale de l’organisme par le virus, sans l’effet néphroprotecteur.
Dans l’autre cas, il n’est jamais bon d’arrêter brutalement un traitement antihypertenseur chez un hypertendu.
Pour l’instant – et en l’absence de données fondées sur des résultats cliniques qui iraient contre ce que je viens de vous dire– je déconseille l’arrêt des IEC chez un patient suspect de COVID.
DR MALLET : Les données qui viennent de Chine montrent une association entre l’hypertension, le diabète et des formes graves donc des comorbidités. Mais aujourd’hui rien ne prouve que cela passe par ces médicaments.
Les sociétés savantes et vous-même vous positionnez fermement et clairement : il ne faut pas arrêter ces traitements.
PR DENIS DUBOC : Clairement. Il ne faut pas les arrêter dans l’état actuel.
DR MALLET : C’est très clair. Je ne remplace donc pas les IEC pour les hypertendus par un anticalcique par exemple ?
PR DENIS DUBOC : Non. Surtout chez un patient suspect ou dans une période d’instabilité liée à une infection. Parce que nous savons très bien que ces changements de traitements sont délicats.
Lorsque nous sommes amenés à en faire – de temps en temps bien sûr – nous les faisons par tâtonnements et il y a des périodes où s’installe une instabilité chez le patient.
Or, chez quelqu’un qui a une pathologie sous-jacente en évolution active, ce n’est pas la peine de rajouter un facteur d’instabilité hémodynamique que nous allons probablement moins bien gérer que chez un patient qui n’a pas de processus infectieux en évolution.
DR MALLET : D’accord. C’est très clair. Après ce cas clinique, voulez-vous insister sur un message pour nos collègues de ville ?
PR DENIS DUBOC : Le message est très simple : ce n’est pas parce que l’on a une infection à coronavirus qu’il faut oublier les affections sous-jacentes qui sont des facteurs de comorbidité et oublier de les traiter au prétexte du coronavirus. C’est dans ce sens que je dis qu’il ne faut pas arrêter les IEC ni les anti-angiotensines 2 dans l’état actuel de ces patients.
DR MALLET : Message très clair : nous n’arrêtons pas les traitements antihypertenseurs, notamment les IEC et les anti-angiotensines 2, les ARA 2, car nous risquerions d’aggraver le patient et de précipiter une situation alors que les choses vont bien se passer.
Professeur Duboc merci beaucoup, nous vous souhaitons bon courage.
PR DENIS DUBOC : Merci aussi à vous. Vous qui êtes en première ligne, bon courage aussi !
Radio Cochin est une série de cas cliniques audio créés pour les soignants de ville, par des experts de toutes spécialités médicales, pour renforcer la collaboration ville-hôpital face au coronavirus.