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Patient de 50 ans sous chimio, avec fièvre et signes respiratoires

INTRODUCTION

À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville.

Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Docteur Sixtine de Percin, cancérologue à Cochin.

Retour d'expérience

Présentation du cas clinique

DR MALLET : Docteur de Percin, je suis médecin généraliste à Gentilly dans le Val-de-Marne. Je vois un homme de 50 ans en cours de chimiothérapie pour un sarcome. Il est à J8 d’une dernière cure de chimiothérapie. Il a de la fièvre et des signes respiratoires sans signe de gravité.

Je suspecte une infection au nouveau coronavirus.

Que me conseillez-vous ?

Réponse et discussion

DR SIXTINE DE PERCIN : Dans tous les cas, commencer par l’évaluation des signes de gravité. S’il a une fréquence respiratoire normale et qu’il est stable sur le plan respiratoire, la priorité est de lui faire une prise de sang pour évaluer son risque de neutropénie. Parce que ce patient reste à risque une aplasie fébrile compte tenu de sa chimiothérapie.

DR MALLET : Vous ne conseillez donc pas de l’envoyer directement aux urgences ?

DR SIXTINE DE PERCIN : En l’absence de signe de gravité et en fonction de sa tolérance clinique, la priorité est de pouvoir probablement l’orienter au mieux en fonction de sa prise de sang et d’essayer de le protéger au maximum.

Ensuite, si nous avons le moindre doute clinique ou qu’il présente des signes d’inquiétude – comme il est à risque de faire une neutropénie fébrile – alors il faudra l’adresser aux urgences pour un bilan. Cela également pour ne pas méconnaître d’autres types d’infections qui peuvent être fréquentes dans ce contexte de chimiothérapie.

DR MALLET : D’accord. Donc ce qui va décider de la manière dont j’oriente le patient sera alors la numération de la formule sanguine à la recherche d’une neutropénie. S’il est fébrile et neutropénique, là, je l’envoie aux urgences. En l’absence de neutropénie, je le surveille.

DR SIXTINE DE PERCIN : Oui. En l’absence de neutropénie nous pouvons nous permettre de le surveiller à domicile en renforçant évidemment les mesures de protection dont le lavage des mains à domicile. Avec une surveillance rapprochée bien sûr car ces patients sont à risque d’infections plus sévères. Donc il faut réévaluer régulièrement, recontrôler la biologie s‘il est toujours fébrile à J8, au début de la période où il peut effectivement être neutropénique.

DR MALLET : D’accord. Si je suis débordé, faire venir le labo et qu’ils l’envoient dans le service d’oncologie c’est possible ?

DR SIXTINE DE PERCIN : Oui, c’est tout à fait possible. Le mieux est de contacter l’oncologue pour qu’il soit prévenu de la situation. Nous pourrons donc réévaluer les possibilités d’hospitalisation et de traitements antibiotiques en fonction du patient, du type de chimiothérapie qu’il a reçu. Effectivement, l’oncologue devra être informé de la situation pour pouvoir justement surveiller le malade par téléphone et adapter la prise en charge en cas de besoin.

DR MALLET : C’est très clair. Effectivement, il peut avoir une infection à COVID mais il peut aussi avoir une infection de chambres implantables, une pneumopathie ou une infection bactérienne qui relèvent d’une antibiothérapie. Il ne faut pas passer à côté.

DR SIXTINE DE PERCIN : Dans ces périodes-là, l’antibiothérapie reste une urgence en cas de neutropénie.

Même en l’absence de signes de gravité, s’il est neutropénique, il faut nécessairement l’envoyer aux urgences pour faire le test. Car nous ne pourrons pas éliminer une infection à COVID-19 et démarrer un traitement antibiotique en fonction des différents prélèvements qui pourront être réalisés.

DR MALLET : Il faut donc contacter l’oncologue référent, faire prélever rapidement par un laboratoire de ville à domicile une numération de formule sanguine pour vérifier l’absence de neutropénie.

Ensuite, voir avec son oncologue où nous orientons le patient, certainement dans une structure d’urgence qui a sanctuarisé les patients COVID et qui est capable de détecter rapidement le virus pour pouvoir soigner le patient en fonction du résultat.

DR SIXTINE DE PERCIN : Exactement.

Message de fin

DR MALLET : C’est très clair, merci beaucoup. Voulez-vous faire passer un dernier message pour nos collègues ?

DR SIXTINE DE PERCIN : Le message résume ce que nous venons de dire. Dans ce contexte de COVID-19, essayons de ne pas méconnaître d’autres infections qui sont finalement assez fréquentes chez nos patients en cours de traitements par chimiothérapies. Typiquement, l’infection de chambres implantables, l’infection urinaire, et la pneumopathie « classiques ».

Il est nécessaire de ne pas passer à côté de ces infections plus fréquentes.

Mais dans ces cas-là, les patients nécessitent également un passage dans un circuit COVID par le SAU pour ne pas méconnaître non plus l’infection à COVID. Afin d’éviter d’hospitaliser directement ces patients dans les services d’oncologie si nous avons une suspicion très forte de COVID. Actuellement, nous essayons de préserver les patients des services de cancérologie.

DR MALLET :Merci beaucoup, c’est très clair. Nous vous souhaitons bon courage et nous n’hésiterons pas à vous rappeler.

Retranscription complète
Il n'y a pas encore de retranscription écrite pour cet épisode

À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville.

Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Docteur Sixtine de Percin, cancérologue à Cochin.

DR MALLET : Docteur de Percin, je suis médecin généraliste à Gentilly dans le Val-de-Marne. Je vois un homme de 50 ans en cours de chimiothérapie pour un sarcome. Il est à J8 d’une dernière cure de chimiothérapie. Il a de la fièvre et des signes respiratoires sans signe de gravité.

Je suspecte une infection au nouveau coronavirus.

Que me conseillez-vous ?

DR SIXTINE DE PERCIN : Dans tous les cas, commencer par l’évaluation des signes de gravité. S’il a une fréquence respiratoire normale et qu’il est stable sur le plan respiratoire, la priorité est de lui faire une prise de sang pour évaluer son risque de neutropénie. Parce que ce patient reste à risque une aplasie fébrile compte tenu de sa chimiothérapie.

DR MALLET : Vous ne conseillez donc pas de l’envoyer directement aux urgences ?

DR SIXTINE DE PERCIN : En l’absence de signe de gravité et en fonction de sa tolérance clinique, la priorité est de pouvoir probablement l’orienter au mieux en fonction de sa prise de sang et d’essayer de le protéger au maximum.

Ensuite, si nous avons le moindre doute clinique ou qu’il présente des signes d’inquiétude – comme il est à risque de faire une neutropénie fébrile – alors il faudra l’adresser aux urgences pour un bilan. Cela également pour ne pas méconnaître d’autres types d’infections qui peuvent être fréquentes dans ce contexte de chimiothérapie.

DR MALLET : D’accord. Donc ce qui va décider de la manière dont j’oriente le patient sera alors la numération de la formule sanguine à la recherche d’une neutropénie. S’il est fébrile et neutropénique, là, je l’envoie aux urgences. En l’absence de neutropénie, je le surveille.

DR SIXTINE DE PERCIN : Oui. En l’absence de neutropénie nous pouvons nous permettre de le surveiller à domicile en renforçant évidemment les mesures de protection dont le lavage des mains à domicile. Avec une surveillance rapprochée bien sûr car ces patients sont à risque d’infections plus sévères. Donc il faut réévaluer régulièrement, recontrôler la biologie s‘il est toujours fébrile à J8, au début de la période où il peut effectivement être neutropénique.

DR MALLET : D’accord. Si je suis débordé, faire venir le labo et qu’ils l’envoient dans le service d’oncologie c’est possible ?

DR SIXTINE DE PERCIN : Oui, c’est tout à fait possible. Le mieux est de contacter l’oncologue pour qu’il soit prévenu de la situation. Nous pourrons donc réévaluer les possibilités d’hospitalisation et de traitements antibiotiques en fonction du patient, du type de chimiothérapie qu’il a reçu. Effectivement, l’oncologue devra être informé de la situation pour pouvoir justement surveiller le malade par téléphone et adapter la prise en charge en cas de besoin.

DR MALLET : C’est très clair. Effectivement, il peut avoir une infection à COVID mais il peut aussi avoir une infection de chambres implantables, une pneumopathie ou une infection bactérienne qui relèvent d’une antibiothérapie. Il ne faut pas passer à côté.

DR SIXTINE DE PERCIN : Dans ces périodes-là, l’antibiothérapie reste une urgence en cas de neutropénie.

Même en l’absence de signes de gravité, s’il est neutropénique, il faut nécessairement l’envoyer aux urgences pour faire le test. Car nous ne pourrons pas éliminer une infection à COVID-19 et démarrer un traitement antibiotique en fonction des différents prélèvements qui pourront être réalisés.

DR MALLET : Il faut donc contacter l’oncologue référent, faire prélever rapidement par un laboratoire de ville à domicile une numération de formule sanguine pour vérifier l’absence de neutropénie.

Ensuite, voir avec son oncologue où nous orientons le patient, certainement dans une structure d’urgence qui a sanctuarisé les patients COVID et qui est capable de détecter rapidement le virus pour pouvoir soigner le patient en fonction du résultat.

DR SIXTINE DE PERCIN : Exactement.

 DR MALLET : C’est très clair, merci beaucoup. Voulez-vous faire passer un dernier message pour nos collègues ?

DR SIXTINE DE PERCIN : Le message résume ce que nous venons de dire. Dans ce contexte de COVID-19, essayons de ne pas méconnaître d’autres infections qui sont finalement assez fréquentes chez nos patients en cours de traitements par chimiothérapies. Typiquement, l’infection de chambres implantables, l’infection urinaire, et la pneumopathie « classiques ».

Il est nécessaire de ne pas passer à côté de ces infections plus fréquentes.

Mais dans ces cas-là, les patients nécessitent également un passage dans un circuit COVID par le SAU pour ne pas méconnaître non plus l’infection à COVID. Afin d’éviter d’hospitaliser directement ces patients dans les services d’oncologie si nous avons une suspicion très forte de COVID. Actuellement, nous essayons de préserver les patients des services de cancérologie.

DR MALLET : Merci beaucoup, c’est très clair. Nous vous souhaitons bon courage et nous n’hésiterons pas à vous rappeler.

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