À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville.
Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec la Professeure Corinne Miceli, rhumatologue à Cochin.
DR MALLET : Je suis médecin généraliste à Châteaudun dans l’Eure-et-Loir.
Je suis conjointement avec Cochin un patient avec un rhumatisme psoriasique qui prend méthotrexate et corticostéroïdes. Il vient me voir pour des signes respiratoires. Il a 37,5 de température.
Que me conseillez-vous vis à vis de ce méthotrexate qu’il prend à raison d‘une injection par semaine et des corticoïdes à raison de 10mg par jour ?
PRE CORINNE MICELI : Nous sommes dans un contexte d’épidémie COVID avec des signes potentiellement respiratoires et une évolution vers quelque chose d’infectieux plus avéré. L’attitude est simple : nous arrêtons donc le traitement par méthotrexate, c’est ce que nous faisons devant toute infection, sachant qu’il aura un effet rémanent pendant probablement encore 3 ou 4 semaines après cet arrêt.
Nous avons donc largement le temps de voir les choses évoluer sans que cet arrêt soit délétère pour son rhumatisme inflammatoire sous-jacent. Il ne va pas faire une poussée suite à cet arrêt, d’autant plus que le méthotrexate se prend de façon hebdomadaire.
Quant aux corticostéroïdes, à la dose de 10mg, il ne faut pas risquer l’insuffisance surrénalienne et il faut donc maintenir la dose identique de corticostéroïdes.
Si jamais il y a ensuite une évolution infectieuse, nous pourrons alors discuter de l’arrêt complet des corticostéroïdes et de mettre une supplémentation avisée pour éviter l’insuffisance surrénalienne. Mais dans l’immédiat, en l’absence de fièvre, il n’est pas nécessaire d’arrêter les corticoïdes.
DR MALLET : La seule présence de signes respiratoires, sans fièvre, vous fait arrêter le méthotrexate ? Je n’attends pas qu’il ait de la fièvre ?
PRE CORINNE MICELI : Non pas forcément. Dans ce contexte épidémique, nous raisonnons donc un peu différemment de d’habitude, nous sommes plus prudents. Car il peut y avoir un COVID sans fièvre. Nous serions en dehors de ce contexte, en dehors de toute fièvre, nous pourrions maintenir le méthotrexate.
DR MALLET : Et si c’était la grippe saisonnière ?
PRE CORINNE MICELI : Nous ne l’arrêterions pas.
DR MALLET : C’est uniquement parce que vous avez en tête la relation COVID méthotrexate ?
PRE CORINNE MICELI : Exactement.
DR MALLET : C’est très clair. Nous laissons les corticoïdes à dose surrénale pour éviter l’insuffisance surrénale.
PRE CORINNE MICELI : En l’absence de fièvre nous pouvons laisser la dose qu’il avait de 10mg. S’il évolue avec un tableau plus marqué, une fièvre et une infection COVID avérée, nous pourrons arrêter la dose de corticoïdes « forte » - tout de même modérée - et passer juste à des doses de supplémentation surrénalienne.
DR MALLET : Selon vous, ce patient qui n’a pas de signe de gravité respiratoire, qui est sous méthotrexate au long court et sous corticostéroïdes, est-il plus à risque qu’un autre de développer une forme grave ?
PRE CORINNE MICELI : Pas du tout. Nous n’avons pas ces éléments pour dire qu’un patient sous méthotrexate, ou n’importe laquelle des thérapies que nous utilisons en rhumatologie, soit plus à risque. Nous sommes prudents évidemment, mais il n’y a pas de notion de cela dans ce groupe de patients.
Peut-être même que l’histoire montrera qu’ils auront finalement été moins infectés car ils ont eux-mêmes été beaucoup plus prudents. Ils ont probablement spontanément respecté le confinement de façon plus stricte car ils sont eux-mêmes inquiets de cette situation.
Finalement, cette attitude est très proche de celle que nous prenons vis à vis de toute infection chez un patient qui a un traitement immunosuppresseur.
DR MALLET : Vous qui suivez les littératures, il n’y a donc pas de signal de danger entre rhumatisme inflammatoire, biothérapie et infection par le COVID ?
PRE CORINNE MICELI : Absolument pas et ce sont les consignes proposées par la Société Française de Rhumatologie en expliquant qu’ils n’étaient pas plus à risque.
DR MALLET : C’est très rassurant. Merci pour ces informations très claires. Voulez-vous insister sur un point ?
PRE CORINNE MICELI : L’attitude générale est de rassurer les patients, leur demander de rester en confinement et de bien respecter les mesures barrières, les mêmes mesures qu’en population générale. C’est absolument essentiel.
En plus, pour les patients avec des traitements immunosuppresseurs, les arrêter en cas de suspicion d’évènements infectieux, arrêter les anti inflammatoires de la même façon et ne pas arrêter brutalement des corticoïdes qui peuvent induire une insuffisance surrénalienne chez des patients traités de longue date par des faibles doses de corticoïdes.
DR MALLET : Merci et bon courage ! Nous n’hésiterons pas à vous rappeler pour prendre la température dans le service de rhumatologie de Cochin.
À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville.
Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec la Professeure Corinne Miceli, rhumatologue à Cochin.
DR MALLET : Je suis médecin généraliste à Châteaudun dans l’Eure-et-Loir.
Je suis conjointement avec Cochin un patient avec un rhumatisme psoriasique qui prend méthotrexate et corticostéroïdes. Il vient me voir pour des signes respiratoires. Il a 37,5 de température.
Que me conseillez-vous vis à vis de ce méthotrexate qu’il prend à raison d‘une injection par semaine et des corticoïdes à raison de 10mg par jour ?
PRE CORINNE MICELI : Nous sommes dans un contexte d’épidémie COVID avec des signes potentiellement respiratoires et une évolution vers quelque chose d’infectieux plus avéré. L’attitude est simple : nous arrêtons donc le traitement par méthotrexate, c’est ce que nous faisons devant toute infection, sachant qu’il aura un effet rémanent pendant probablement encore 3 ou 4 semaines après cet arrêt.
Nous avons donc largement le temps de voir les choses évoluer sans que cet arrêt soit délétère pour son rhumatisme inflammatoire sous-jacent. Il ne va pas faire une poussée suite à cet arrêt, d’autant plus que le méthotrexate se prend de façon hebdomadaire.
Quant aux corticostéroïdes, à la dose de 10mg, il ne faut pas risquer l’insuffisance surrénalienne et il faut donc maintenir la dose identique de corticostéroïdes.
Si jamais il y a ensuite une évolution infectieuse, nous pourrons alors discuter de l’arrêt complet des corticostéroïdes et de mettre une supplémentation avisée pour éviter l’insuffisance surrénalienne. Mais dans l’immédiat, en l’absence de fièvre, il n’est pas nécessaire d’arrêter les corticoïdes.
DR MALLET : La seule présence de signes respiratoires, sans fièvre, vous fait arrêter le méthotrexate ? Je n’attends pas qu’il ait de la fièvre ?
PRE CORINNE MICELI : Non pas forcément. Dans ce contexte épidémique, nous raisonnons donc un peu différemment de d’habitude, nous sommes plus prudents. Car il peut y avoir un COVID sans fièvre. Nous serions en dehors de ce contexte, en dehors de toute fièvre, nous pourrions maintenir le méthotrexate.
DR MALLET : Et si c’était la grippe saisonnière ?
PRE CORINNE MICELI : Nous ne l’arrêterions pas.
DR MALLET : C’est uniquement parce que vous avez en tête la relation COVID méthotrexate ?
PRE CORINNE MICELI : Exactement.
DR MALLET : C’est très clair. Nous laissons les corticoïdes à dose surrénale pour éviter l’insuffisance surrénale.
PRE CORINNE MICELI : En l’absence de fièvre nous pouvons laisser la dose qu’il avait de 10mg. S’il évolue avec un tableau plus marqué, une fièvre et une infection COVID avérée, nous pourrons arrêter la dose de corticoïdes « forte » - tout de même modérée - et passer juste à des doses de supplémentation surrénalienne.
DR MALLET : Selon vous, ce patient qui n’a pas de signe de gravité respiratoire, qui est sous méthotrexate au long court et sous corticostéroïdes, est-il plus à risque qu’un autre de développer une forme grave ?
PRE CORINNE MICELI : Pas du tout. Nous n’avons pas ces éléments pour dire qu’un patient sous méthotrexate, ou n’importe laquelle des thérapies que nous utilisons en rhumatologie, soit plus à risque. Nous sommes prudents évidemment, mais il n’y a pas de notion de cela dans ce groupe de patients.
Peut-être même que l’histoire montrera qu’ils auront finalement été moins infectés car ils ont eux-mêmes été beaucoup plus prudents. Ils ont probablement spontanément respecté le confinement de façon plus stricte car ils sont eux-mêmes inquiets de cette situation.
Finalement, cette attitude est très proche de celle que nous prenons vis à vis de toute infection chez un patient qui a un traitement immunosuppresseur.
DR MALLET : Vous qui suivez les littératures, il n’y a donc pas de signal de danger entre rhumatisme inflammatoire, biothérapie et infection par le COVID ?
PRE CORINNE MICELI : Absolument pas et ce sont les consignes proposées par la Société Française de Rhumatologie en expliquant qu’ils n’étaient pas plus à risque.
DR MALLET : C’est très rassurant. Merci pour ces informations très claires. Voulez-vous insister sur un point ?
PRE CORINNE MICELI : L’attitude générale est de rassurer les patients, leur demander de rester en confinement et de bien respecter les mesures barrières, les mêmes mesures qu’en population générale. C’est absolument essentiel.
En plus, pour les patients avec des traitements immunosuppresseurs, les arrêter en cas de suspicion d’évènements infectieux, arrêter les anti inflammatoires de la même façon et ne pas arrêter brutalement des corticoïdes qui peuvent induire une insuffisance surrénalienne chez des patients traités de longue date par des faibles doses de corticoïdes.
DR MALLET : Merci et bon courage ! Nous n’hésiterons pas à vous rappeler pour prendre la température dans le service de rhumatologie de Cochin.
Radio Cochin est une série de cas cliniques audio créés pour les soignants de ville, par des experts de toutes spécialités médicales, pour renforcer la collaboration ville-hôpital face au coronavirus.